Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Instants Volés

Instants Volés
Publicité
Archives
18 février 2012

Une rose pour toi

 L’air était d’autant plus doux pour un mois de novembre, j’étais sortie sans mon manteau, en gilet. Le vent caressait mon visage encore chaud pendant que je marchais d’un pas pressé vers la sortie de l’établissement. J’avais laissé à l’intérieure de la salle de classe mes amies étudiantes et courrais déjà vers la bibliothèque pour y finir mon dossier. Dans ma course, je bousculai un homme bien plus grand que moi, les cheveux châtain clair qui partaient dans tous les sens, aux yeux bleus profonds. Je m’excusais sans prendre plus la peine de le regarder et partis vers la bibliothèque. En arrivant dans celle – ci, je vis tous les élèves sortir et fus surprise car aucune alarme ne retentissait et on était bien loin de l’heure de fermeture. Je m’engouffrai alors quand même la salle et vit au milieu de celle – ci, Meng Yin, la pire personne sur terre…Il manipule, escroque et bat tout ceux qui ne lui revienne pas. Et malgré le fait qu’il était assis, pieds sur une table et qui fixait l’entrée, je ne pouvais faire demi – tour. Je pris mon courage à deux mains, me dirigeai vers la bibliothécaire qui fuit en me voyant arriver. Soupirant devant la lâcheté humaine ou ma folie du moment, je m’avançai vers la rangée de livres d’économie et extirpai un des manuels qui me fallait pour finir mon dossier. Je le pris et me retournai pour aller vers une table mais il apparut devant moi. Il faisait bien trois têtes de plus, ses cheveux noirs plaqués en arrière, ses yeux marron profonds si perçants qu’ils me firent frissonner, se plaquèrent sur moi et je déglutis. De surprise et de peur également, je lâchai mon livre qui tomba au sol sur les pieds du monstre. Il me regarda, porta son regard sur le livre puis le remonta à moi, j’avais maintenant tout mon être entrain de trembler. Mon cœur battait si bruyamment dans ma poitrine que le son m’assourdissait et parvenait sûrement à ses oreilles vu le sourire qu’il affichait. Il fit un signe de la tête vers le bas pour me faire comprendre que je devais ramasser le livre ce que je fis prestement, voulant le quitter au plus vite mais déjà ses bras me barraient le passage en prenant appui sur les deux bibliothèques de livres. Mes yeux se firent plus froid quand je relevai le visage vers lui et avec tout le courage qui me restait au fond de moi, je prononçais cette phrase :

        « N’as – tu rien d’autre à faire que de t’en prendre à une jeune femme ? On a plus de quoi s’attaquer au gros lourd comme toi ?! »

Son regard s’anima de colère, je le vis lever la main et dans le réflexe du moment, je passai sous son bras et finis par marcher très vite vers la sortie mais il se mit à courir et se plaça juste devant moi. Ses yeux marron me firent très peur, je l’avoue, je me retrouvai paralysée sur place sans le moindre signe de réaction de mon corps. Quand il s’approcha plus de moi, j’eus juste le réflexe de fermer les yeux en priant pour que je meure au premier coup. Ses pas se firent plus précis, plus près de moi, je déglutis une nouvelle fois en m’attendant à recevoir un coup sur le visage et pourtant ne sentant rien venir, j’ouvris les yeux. Il était à quelques centimètres de mon visage, un grand sourire narquois aux lèvres. Je le regardai surprise, manquant à nouveau de faire tomber mon livre mais je le bloquai contre ma poitrine pour le retenir. Il me l’extirpa des bras et l’envoya valser sur une table derrière. Je fis un geste vers le livre en m’exclamant :

    « Et ce livre t’a rien fait de mal ! »

J’entendis alors son rire, non ce n’était pas possible, un démon ne rit pas. Je reculai d’un pas puis un autre en espérant que ma fuite improvisée puisse le faire douter un court instant, histoire que je puisse me sortir d’ici. Il fit un pas vers moi sans me dégager le passage. Voyant qu’à ce petit jeu là, on n’irait pas loin, j’entrepris, dans un geste désespéré de sauver ma vie. Je collai mon sac contre ma poitrine, pris une respiration assez grande puis, un dernier regard vers lui, histoire de le défier, je me mis à courir et du même le bousculer pour passer mais quand je vis que je le dépassai, je me pressai alors le plus vite possible mais le temps dehors avait vite changé et il pleuvait. Avec mal car j’avais des chaussures à talon, je me mis à courir sur le pavé trempé sans prendre la précaution qu’il me suive. Après tout j’avais rien fait de mal, juste répondu à son attitude qui était irritante. Mais alors que je n’avais fait que quelques mètres dehors, j’entendis un bruit de pas plus lourd et je me retournai en vitesse, une fraction de seconde et je le voyais courir après moi, un sourire démoniaque aux lèvres. Je me mis à courir plus vite, manquant de me prendre dans les trous du trottoir. Mon cœur m’ordonnait malgré la peur de continuer à courir, mon corps ne pouvait s’empêcher par contre de se retourner fréquemment pour savoir si Meng Yin me poursuivait toujours et bien entendu, il  continuait. Soudainement, à bout de souffle, je m’arrêtai sans savoir trop où. J’étais trempée de la tête au pied, mon corps était encore chaud de la course que je venais de faire mais il se refroidit trop rapidement avec la pluie. Il s’arrêta devant moi et posa ses mains sur ses jambes pour reprendre son souffle. Je le regardais, remplie de craintes, limite sur le point de pleurer alors que concrètement il ne m’avait rien fait. Mais Meng Yin avait une réputation qui le précédait et j’avais vu quelques unes de ses victimes mais moi qu’avais – je fait pour qu’il me poursuive sous la pluie ? Je me mis à hurler :

        « Que t’ais – je fait Meng Yin ?! Que vas – tu me faire ?!
-    Lin Xian…Prononça – t – il avec une voix démoniaque.
-    Ne m’approche pas ! Ne m’approche pas ! »

Je me retournai et fit quelques pas et je ne vis pas venir la voiture qui venait d’apparaître au coin de la rue. Je la regardais fixement, sans aucune réaction, j’avais les jambes en coton, une larme coula le long de ma joue…Je fermai les yeux, mis mes mains en protection contre mon visage et entendit juste mon prénom hurlait non – loin de moi. Je sentis l’impact mais perdis connaissance immédiatement…

        « Lin Xian…Lin Xian ! Reviens à toi…Lin Xian ! »

Cette voix si près de moi, si douce, qui m’était totalement inconnue, je la ressentais dans mon être, elle m’appelait, me suppliait de revenir à un monde que je venais de quitter…Le monde de la conscience…Je sentis des secousses dans mon corps, je sentis qu’on voulait que je revienne mais si je revenais qui…Qui sera là pour m’accueillir ?...Et cette voix insistante qui me forçait à réagir, comme je pouvais la détester…J’ouvris doucement les yeux, ma vision était floue puis bientôt je retrouvai ma vue et vit pencher sur moi, Meng Yin, le visage en sang. Je le regardais sans comprendre et je prononçais son nom en me redressant mais abruptement, il tomba dans mes bras. J’hurlai alors qu’on appelle une ambulance ce que fit l’homme au volant en reprenant ses esprits… Je sentais le pouls du jeune homme diminué fortement et j’eus le réflexe de mettre mon gilet contre son corps après l’avoir enlevé et je serrais l’homme bien plus imposant que moi contre mon corps. Chaque secondes qui passèrent me firent l’impression d’être des éternités, le sang tachée déjà mon chemisier blanc et bientôt j’eus la peau froide à cause du tissu humide. Mes yeux se firent floue doucement mais je ne devais pas me laisser aller au malaise…Il ne fallait pas…Je serrais plus fort le corps tout en hurlant le nom de cet individu qui encore quelques minutes plutôt me faisait peur mais là, à cet instant précis, à cette seconde qui n’est pas encore écoulée, j’aurais donné tout pour qu’il se réveille…Je ne voulais pas qu’il meure à cause de moi, il ne m’avait rien fait, je n’aurais jamais du fuir ! Jamais… ! Les larmes vinrent orner mes yeux, je me sentais dans un état second, la blessure sur ma tempe me faisait mal et le froid de la pluie n’aidait en rien à mon état. Je portais mon regard sur le visage tuméfié de Meng Yin et posa mon front contre une partie pas trop blessée en murmurant :

« Je t’en supplie…Meng Yin…Reste avec moi…Reste avec moi ! Je te promets, je ne te fuyerai pas ! Je te promets de rester malgré ce que tu me feras ! RESTE…avec…moi…  »

Au loin, très loin, j’entendis l’ambulance arrivait, je regardais alors le chauffeur me parlait mais je ne l’écoutais pas, j’avais le regard fixé sur la lueur des gyrophares qui s’approchait de plus en plus vite de nous…Le bruit du véhicule me rassura malgré le fait qu’il m’assourdisse en même temps, j’étais là, je regardais fixement le pare-brise et vit le regard du chauffeur sur moi, un sourire de soulagement se dessina sur mon visage et je peux alors me laisser aller. Le vent frais sur ma peau trempée me fit sombrer très rapidement et je ne sentis même plus mon corps…Une dernière parole, un dernier son sentant de mes lèvres pour mieux partir…  

Je me sentis ballottée, transportée puis je ne sentis plus rien…J’étais dans le noir le plus complet mais doucement, une brise fraîche se fit ressentir à moi, même si je pensai imaginer mais le décor changea doucement…J’étais en bas des marches de la bibliothèque universitaire, l’automne était là, je voyais les arbres couverts de feuilles jaunies, le ciel était découvert, le soleil bien que pâle et timide était quand même là. Je portais mon regard aux alentours mais je ne vis personne, le lieu était désert, calme, serein… C’était bien la première fois que je voyais ce lieu sans vie, c’était perturbant et en même temps si magique de voir cet endroit silencieux. Je me mis à marcher et m’assis sur les marches en regardant devant moi, j’étais rapidement très heureuse d’être là. Je portai mon regard aux alentours et soudainement, apparut devant moi Meng Yin. Il portait une chemise bleu clair sur un jean délavé noir, ses cheveux qui sont d’habitude plaqués en arrière était décoiffés et tombés légèrement devant ses yeux. Son regard était planté sur moi et je me mis à frissonner. Son sourire était étrange, je ne pourrais vous le dire s’il était doux ou pincé, tout ce que je voyais était ses yeux qui brillèrent intensément. Il s’approcha de moi, fit un pas et je sursautai en le voyant déjà assis à coté de moi. Il murmura mon prénom et je me tournai vers lui. Là, oui, à cet instant là, je pouvais vous certifier qu’il souriait tendrement. Son changement d’expression me fit légèrement sursauter intérieurement mais je n’avais cette fois pas le courage de dire quoi que ce soit et j’avais décidé de ne plus fuir. Je le regardai alors et il m’attrapa la main doucement et déclara d’une voix dont je n’aurais jamais soupçonné une si douce intonation :

        « Lin Xian, je voudrais te dire quelque chose… »

Je le regardai avec une innocence que j’aurais préféré cacher. Je le scrutai soudainement, il y avait quelques choses qui me perturbaient, en dehors de son attitude très surprenante. J’avais beau le regarder, je ne trouvais pas ce qui me perturber. Il me regardait en se taisant et abruptement, je posai ma main sur sa joue et la touchai en appuyant pour voir ce qui le fit sourire. Je lui souriais en m’exclamant :

        « Tu n’as plus rien !
-    Lin Xian…Déclara – t- il.
-    Oui ? Demandais – je
-    Tu te rappelles ce que tu m’as dis ? Que tu ne me fuirais plus jamais ? S’enquit – il.
-    Oui, je m’en rappelle…Dis – je en le regardant.
-    Je vais te prendre au mot et jusqu’à ce que j’ai finis, tu ne devras faire aucun mouvement, compris ? Demanda  le jeune homme.
-    Oui, je t’écouterai sans bouger Meng Yin… »


Il se leva et vint se mettre devant moi, il se pencha et attrapa ma main pour la maintenir dans la sienne fermée. Je levai les yeux vers lui, le cœur battant un peu plus vite à chaque secondes qui passaient mais restant silencieuse, il ne fallait rien dire, mon cœur me l’ordonnait et j’écoutais toujours mon cœur…Il fit mine de réfléchir puis prit une grande respiration avant de commencer sa déclaration :

    « Lin Xian, j’espère que tu ne te moqueras pas de moi…C’est assez difficile à dire ce que je voudrais te dire et puis je ne suis pas un homme aimant les belles phrases…Alors, je te dirai simplement, ces mots avec le cœur, alors ne te moque pas, compris ? »

Je fis un signe de la tête en le laissant reprendre :

    « Cela fait maintenant longtemps que j’ai veillé sur toi à ton dépend. J’ai jamais pensé que je pourrais sentir ce genre de sentiments…J’ai toujours eu de nombreuses filles autour de moi, toujours de quoi m’amuser mais jamais, je n’ai eu…Jamais, je n’ai eu un coup de cœur comme toi…Alors, je vais…Enfin pourvoir te le dire…Je t’aime Lin Xian. »

J’ouvris de grands yeux, j’étais à milles lieux de penser à avoir une déclaration d’amour de cet homme. Milles lieux furent encore une distance trop légère car de ma surprise, je ne m’en remis pas aussi facilement…Ce fut sa main pressant la mienne qui me fit revenir et j’ouvris les lèvres pour poser la seule question qui m’effleurait l’esprit :

        « Mais on ne se connaît pas alors comment… ? »

Il me sourit encore plus doucement et me fit me lever en me tirant le bras. Je me mis debout et il s’approcha plus près de moi et je plongeai mes yeux dans les yeux. Un sourire mêlant l’amour au désir orna ses lèvres et je me mis à rougir. Il posa son front contre le mien et dit dans un chuchotement :

        « Tu ne t’en rappelles plus…Tu dois être le genre de personne a aidé sans même s’en apercevoir… Je t’ai vu pour la première fois à la bibliothèque où j’étais venue rendre un livre de ma petite sœur, bon j’avoue elle m’avait cassé les pieds toute la matinée pour que je le fasse et donc j’étais venu pour cela. Quand je suis arrivé, des gars de mon genre étaient entrain d’embêter une étudiante qui savait plus où se mettre et tu es arrivée. Tu pris un des sacs des hommes qui était posé sur la chaise et tu la posais à terre et tu as commencé à étudier comme si de rien était. Les gars ont commencé à t’embêter et tu as juste dit :

        « Vous êtes vraiment que des moins que rien, embêter une jeune étudiante en étant 5 contre elles, les hommes sont plus des hommes de nos jours. Vous êtes si pitoyable que je ne me donne même pas la peine de vous regarder et si vous vous m’agressez faites le mais vous avez intérêt à ne pas me rater car moi, je dépose plainte chez les flics ! »

Les voyant prêt à insister, je fis un pas en leur direction et le chef me vit ce qui le fit dégager mais tu n’en vis rien, tu étais déjà entrain de rassurer la jeune femme que tu ne connaissais même pas… Ce jour là, j’ai cru que tu étais folle dans un premier temps et intrigué par ta réaction, je me suis mis à te surveiller et j’ai bien vite compris, que malgré tes sauts d’humeurs, tu étais toujours là pour aider, écouter même si après, une fois seule, tu pleurais toutes tes larmes…Je n’avais jamais rencontré une personne comme toi… »

Les larmes me prirent soudainement et je dus essuyer mes yeux avec la manche de mon chemisier. Il m’attrapa délicatement mon menton et je compris dans ses yeux qu’il voulait un baiser. Mon cœur s’affolait et je me disais si je refusais cela maintenant, je ne sais pourquoi, il se pourrait que je le regrette toute ma vie. Je fermai les yeux en signe d’accord et doucement, je sentis ses lèvres douces et chaudes contre les miennes. Inconsciemment, je mis mes bras autour de son cou pour le serrer plus fort contre moi, tout en mettant la douceur de mon cœur dans mes lèvres. Il approfondit légèrement le baiser ce qui fit sursauter tout mon être mais il s’arrêta avant que je ne puisse plus m’en remettre. Détachant doucement ses lèvres des miennes, j’ouvris progressivement les yeux et le vit devant moi. Il me sourit avant de détacher mes bras de son cou puis il fit un pas en arrière. Je le regardai surprise et il soupira. Une expression de tristesse immense apparut alors sur son visage et je lui demandai doucement ;

        « Pourquoi es – tu si triste, Meng Yin ?
-    Il faut que tu me promettes une chose, Lin Xian…Déclara – t – il.
-    Quoi donc ? Demandais – je perdue.
-    Pourras – tu m’apporter des roses blanches ? J’aime les roses blanches…Dit – il en souriant.
-    …La prochaine fois qu’on se verra j’irai te chercher un bouquet de roses blanches alors. Dis – je
-    Je te remercie ma douce Lin Xian…Le temps s’est couvert, il serait temps que tu rentres chez toi non ? S’enquit – il.
-    …Oui, je pense aussi. »

J’avais levé les yeux et le scène était noir orageux. Je le regardais une dernière fois avant de passer à coté de lui mais je m’arrêtai et dis avec la voix émue :

        « Je n’aurais jamais pensé voir un jour ton cœur, je me suis trompée sur toi, pardonne moi…J’espère te voir bientôt, j’espère qu’on pourra se créer des souvenirs… »

Il me sourit et vint me déposer un baiser sur les lèvres avant de me dire de m’en aller. Je m’avançai alors puis me mis à courir mais tout changea progressivement et tout redevint noir. La peur me paralysa le cœur, mon souffle se fit plus profond, plus saccadé, je me sentis partir dans une peur encore plus profonde, mes mains tremblées énormément, que m’arrivait – il ? J’entendais soudainement mon prénom et j’ouvris doucement les yeux qui avaient collés entre eux à cause des larmes. On me redressa de force et je vis que j’étais dans une pièce blanche ou l’odeur de désinfecteur était omniprésente. Je regardai autour de moi et vit ma mère pleurait toutes les larmes de son corps et je posai ma main contre la sienne. Elle me sourit et me serra fort la main en ne pouvant s’empêcher de s’exclamer « ma petite fille ! ». Je lui souris doucement avant de m’exclamer :

        « Comment va Meng Yin ? »

Cela faisait plusieurs fleuristes que je faisais avec ma mère. Elle ne voulait plus me laisser sortir seule et tenait à tout prix à me payer les fleurs. Arrivant à la 4ème boutique, je vis en devanture des roses blanches et je pressai ma mère pour y entrer. On prit un bouquet de 30 roses et quand je sortis de la boutique, je suppliai ma mère de me laisser y aller seule. Elle refusa plusieurs fois de suite mais du abdiquer en voyant les larmes dans mes yeux. Elle me donna de l’argent pour que je puisse prendre le taxi ce que je ferai sûrement à mon retour. Je la quittai là et entre pris mon chemin en silence. Combien de temps s’était – il passé depuis mon accident ? Je ne pourrais vous le dire car je dus alors perdre la notion du temps… J’avançais de manière automatique et fus surprise de me retrouver si vite devant le portail en fer. Je pris une grande respiration et fit un pas puis un autre et franchit le portail rouillé. Je posai mon regard sur l’homme près du portail et lui demanda :

        « Meng Yin, je vous prie…
-    Oh…Continuez tout droit, tourner à gauche et vous le verrez… »

Je le remerciai tout en marchant en silence, seule le bruit de mes talons sur les graviers blancs firent du bruit. Arrivant au virage, je fis quelques pas et au moment où je dus porter mon regard sur les pierres tombales, mon cœur se déchira, je fis encore un pas et éclatait en sanglot en voyant la tombe de Meng Yin encore fleurie de ses proches. Je m’approchai avec mal et me mit à genoux sur l’herbe encore mouillée de la veille. Mon souffle ne voulait pas reprendre, mes larmes coulaient tellement que je voyais plus rien, ma gorge émit des gémissements de douleurs mais rien de tout ceci ne calmait l’atroce douleur qui m’envahissait. Je maudis tout, je me maudis surtout…Quand j’eus le courage de poser les fleurs sur sa table, j’articulai avec mal :

        « Voici tes roses Meng…Pourquoi…Pourquoi tu m’as pas dis que tu étais mort ?! Pourquoi tu m’as fait croire que je pourrais te rendre tes sentiments ?! Maintenant, je ne le pourrai plus jamais ! JAMAIS ! Tu m’entends ?! J’aurais du mourir ! Pourquoi tu m’as sauvée ?! Pourquoi…Meng ?!!! POURQUOI ?! »

Un nouveau sanglot me prit alors et je fus incapable de me calmer…Le froid de décembre avait pris place et je sentis ce froid s’engouffrer en moi mais je n’en avais que faire…J’étais à genoux devant la tombe de l’homme qui m’avait sauvée, qui m’avait aimée sans que je ne puisse plus rien fait pour lui. Soudainement, un courant d’air chaud me caressa la joue, je levais les yeux vers le ciel mais ma vue fut floue. Soupirant de tristesse, je recommençais à sangloter mais le vent plus doux sécher immédiatement mes larmes alors je fermai les yeux et je crus entendre une voix me dire :

        « Je serai toujours là pour toi, je te veux heureuse…Lin Xian, vit pour moi, je t’en prie…Ne pleure pas pour moi, je n’aime pas la tristesse dans tes yeux…Lin Xian, je te veillerai et te protégerai de là où je suis comme j’ai toujours voulu le faire…Alors je t’en prie ne pleure plus, pense à moi parfois, parle moi si ça ne va pas et je mettrai sur ton chemin le bonheur que tu m’as toujours inspirée…Je t’ai aimé, je t’aime…et je t’aimerai à jamais… »

Mon cœur s’arrêta net et les roses que j’avais amenés se défirent du bouquet pour mieux s’éparpiller au sol. Une seule éclata avec l’air et je vis les pétales tournoyaient autour de moi…Ma tristesse ne partit jamais réellement et dans mon cœur il restera toujours un endroit bien protéger du reste du monde, un endroit où lui seul aura sa place à maintenant et à jamais…

Publicité
Publicité
18 février 2012

Partie 2


        « Reina…
-    Heu oui ?
-    Tu as une trousse de premiers soins ?
-    Oui, dans la salle de bain. Je vais la chercher.
-    Non reste là, je vais aller la prendre. »

Il quitta la salle et j’en profitai pour pleurer un peu. Je ne savais plus où j’en étais, je ne savais plus ce que j’allais faire. Quand il réapparut dans la salle, j’étais en pleure. Il s’approcha de moi vite et s’agenouilla devant moi tout en me prenant mes mains.

        « Reina, je suis désolé…
-    Ne vous excusez pas, senseï. J’ai dépassé toutes les limites. Veuillez me pardonner pour tout.
-    Reina…Chut… »

Il avait fit glisser ses doigts sur mes joues humides. J’avais fermé mes yeux en le laissant faire. Mon cœur changea de rythme, il battait toujours fort mais la sensation qui s’en dégageait était plus douce. J’aurais voulu rester ainsi un peu plus longtemps mais il se mit à murmurer :

        « Explique moi tout, Reina.
-    Ce n’est pas compliqué…
-    Dis moi tout.
-    Je ne connais presque rien de vous mais…
-    Oui ?
-    Je vous aime, c’est simple.
-    …
-    Ne répondez rien, je sais bien que vous non, je me doute bien. J’ai confondu réalité et rêve, j’ai pensé que si je vous embrassais, ça calmerait mon cœur. J’ai pensé que j’étais peut être spéciale pour vous. Mais en fait, pas du tout…
-    Reina, ne dis pas ça. »

J’ouvris à nouveau mes yeux, son regard doré était proche de moi. Je l’invitai du regard à argumenter sa phrase et pour toute réponse, j’eus le droit à sourire doux.

        « Reina, tu es forcément spéciale pour une personne…
-    Je vois, vous auriez pu trouver plus original.
-    Reina, dis moi ce que tu aimes chez moi.
-    Votre présence m’apaise, votre sourire me fait du bien, j’ai le cœur qui bat fort quand je vous vois entrain de lire sur un banc, votre regard m’attire. Je n’y peux rien. J’ai essayé de me persuader que c’était une amourette d’adolescente, j’ai essayé de croire que c’était un report d’affection mais…
-    Mais ?
-    J’en reviens à la même conclusion, je vous aime. »

Je laissai échapper un petit rire qui le surprit. En fait, j’étais persuadée qu’il pensait que l’amour d’une adolescente ne valait rien. Que pour lui, ses amours étaient toutes des femmes mûres et belles. Alors moi qui étais peut-être près de l’âge adulte, je ne donnais pas le change. J’étais si triste soudainement, l’absence de réponse à mes sentiments, le fait que je réalise que je n’étais pas du tout son genre, tout cela me rendit triste. J’aurais aimé qu’il me fasse un signe au moins mais il ne me disait pas qu’il ne m’aimait pas et ça ne m’aidait pas du tout.

        « Senseï, aimez – vous quelqu’un d’autre ?
-    Non, je n’aime personne d’autre.
-    Etes – vous malheureux ?
-    Je suis triste de voir dans quel état, je t’ai mis…
-    Non mais avant aujourd’hui ?
-    Je n’ai pas le temps d’être malheureux avec mes cours tu sais.
-    Vous travaillez tellement… »

J’avais pris une mèche de ses cheveux et d’un geste tendre l’avait fait glissé entre mes doigts. J’avais une envie de protection en entendant cela. Ne pas savoir si on est malheureux car on travaille trop me fit le voir plus fragile que je ne l’aurais pensé avant. Il était touchant et dans l’atmosphère du moment, entre deux battements de cœur, j’eus l’idiotie de le prendre contre moi. J’avais passé mes bras autour de son cou, lui avais mis la tête contre ma poitrine et avais posé ma joue contre ses cheveux. Je lui caressai les cheveux d’une main pendant que l’autre le retenait contre mon corps.  Je me mis à lui chuchoter ses paroles d’une voix plus que douce :

        « Ne pas savoir si on est malheureux est si triste. Juste maintenant, tout contre moi, laissez vous aller…Pleurez, hurlez, repoussez moi, riez…Faites ce que vous voulez. »

Pour toute réponse, il passa ses mains dans mon dos et me retint contre lui. Je baissai les yeux et remarquais qu’il avait fermé les siens. La température de nos cœurs nous réchauffait mutuellement. Peut être qu’après, il partira et que ce sera le seul souvenir doux que j’aurais de lui. J’étais partie loin de la réalité quand il m’appela par mon prénom. Je rebaissai alors mon visage contre son visage doux et lui répondit :

        « Oui, senseï ?
-    Je croyais que j’étais le pire des hommes.
-    Oh, j’ai dis ça sur le coup de la colère.
-    Je vois…
-    Par contre, je suis bien une idiote, vous avez raison.
-    Non en fait, l’idiot c’est moi. Je me fourvoyais dans un quotidien répétitif.
-    Etes – vous malheureux, senseï ?
-    Oui, ma vie est vide. Tellement vide…
-    …Mon pauvre senseï… »

Je redoublai les caresses dans ses cheveux et son emprise se fit plus forte contre moi. Il devait entendre mon cœur battre plus fort. Je ne pourrais vous dire si à ce moment là, il cherchait juste de la tendresse ou s’il commençait à se faire à mes sentiments. Dans tout les cas, j’étais bien heureuse de l’avoir pour moi. Tout connaît une fin, et ce fut assez rapidement qu’il se détacha de mon emprise. Il prit mes mains dans les siennes, les retourna pour voir mes paumes et me demanda directement :

        « Comment tu t’es blessée comme ça ?
-    Sur le trajet, j’ai trébuché en fait…
-    Tu ne t’es pas ratée…
-    C’est vrai mais j’ai pas si mal que ça…
-    Je vais te désinfecter ça, d’accord ?
-    Vous n’êtes pas obligé…
-    Laisse moi prendre soin de toi. »

Je m’abandonnai à lui pendant qu’il me désinfectait. Les piques de douleurs quand le produit s’introduisant dans ma chair à vif me procuraient des hauts de cœur. Il m’apaisa de sa main chaude qui me caressait le dessous de la main. Une fois bandée à tous les endroits blessés, il se leva.

18 février 2012

Les personnages

essai

18 février 2012

Partie 1

Je ne me rappelle encore de cette journée où pour une raison que je ne connais, j’avais eu le courage d’aller le voir. Lui, qui par malheur était inaccessible en temps normal. Lui, que je ne sais pas pourquoi, j’avais commencé à aimer. Peut être pour le coté interdit de la chose ? Ou parce que ça pouvait être impossible entre nous ? Pour vivre dans un rêve où je ne pourrais pas être blesser, pour ne pas être déçue une fois de plus. J’étais le genre de fille à qui on pouvait tout briser mais qui restait vivante tant qu’elle pouvait rêver. Je sais que cela est très dangereux, je sais que c’est lâche mais à force de trop s’écorcher le cœur, on finit par l’enfermer dans un écrin de velours fermé d’un cadenas et à se mettre à rêver. Et quand j’en pris conscience que l’écrin pourrait ne plus s’ouvrir, je suis tombée sur lui, assis sur un banc, un livre à la main. Il était l’illusion même d’un bonheur regretté, d’un souvenir effacé. Il m’avait attiré à lui sans le savoir et je le maudis pour cela. Je le maudirai toute ma vie autant que je l’aimerai en secret. Enfin…S’il ne se passe rien aujourd’hui. Mais quelle idée d’avoir été le voir ! Quelle idée de lui avoir dit que j’avais des difficultés avec les équations différentielles ! Certes c’est vrai mais je ne m’attendais pas à ça, pas à ce qu’il m’annonce qu’il prendrait une journée sur ses vacances pour me donner des cours.

        « Mademoiselle… !
-    euh… Oui ? Demandais – je en sortant de mes pensées.
-    Vous ne prenez pas le bus ? Demanda la dame devant moi.
-    Ah si si ! Merci madame ! »

Me voilà à monter dans ce bus en direction du centre ville de Tokyo pour aller chez lui. Pourquoi chez lui ?! Je soupirai en remerciant la dame comme il se devait avant d’aller dans le fond du bus. Le paysage défilant me donna le tournis que le stresse amplifié à chaque seconde passée. Mais pourquoi, j’attendais tant de cette journée pour le matin du jour  en être malade d’angoisse ? Comme si Marubashi – senseï avait prévu quelque chose autre que des courbes, des équations différentielles et des calculs de radiations. Comme si ce jeune homme pouvait avoir compris que je l’aimais. C’était très enfantin de ma part de penser ainsi, d’espérer secrètement quelques choses tout en me mentant. Ne faisant plus gaffe aux stations qui s’enchaînaient je pris mon mp3 et mit pour toute musique « Kizuna » du groupe Kat – Kun ! Ambiancée dans le morceau, je fermai les yeux pour m’exiler dans mon monde, pour calmer l’angoisse me pourrissant les entrailles. Je sursautai quand je sentis un courant d’air près de ma nuque. Le genre de courant d’air produit par un geste, comme quand vous agitez votre main pour éloigner un moustique de votre corps. Le cœur battant à rompre, j’ouvris vite les yeux et vis devant moi un homme grand, aux cheveux châtains clairs aux reflets blonds, aux cheveux mi – longs et aux yeux noisettes dorés me fixant. J’essayai de garder les lèvres scellées quand je compris que c’était lui. Il me sourit alors pendant que je me redressais mieux sur mon siège tout en me callant bien au fond de celui – ci. Il resta là à me fixer pendant que je sentais mes joues se colorer alors pour cesser ce silence embarrassant, je défis mes écouteurs, et le salua :

        « Ohayo, Murabashi – senseï.
-    Ohayo, Imagawa – chan. Me répondit – il poliment
-    Que faites – vous dans le bus, senseï ? demandais – je surprise.
-    Je t’attendais à ma station mais comme je voyais que tu ne descendais pas, je suis venu te chercher.
-    Oh…J’en suis désolée, senseï…
-    Ce n’est rien, on va descendre à la prochaine et on fera le chemin à pied.
-    Mais si on nous voit ?
-    Que veux – tu qu’on imagine ? Je suis ton professeur principal.
-    …Oui, c’est vrai. »

La réflexion qui venait de m’offrir mit fin à ma volonté de parler. Après tout en une seule seconde, il m’avait confirmé qu’il n’envisageait rien de ce genre. Quand le bus s’arrêta et que je me levai, il se plaça devant moi pour dégager le passage que j’empruntais en me pressant. Les bus étaient pratiques mais au Japon, ils avaient tendance à être tout le temps bondés. Une fois pieds sur le bitume, je le regardai en attendant qu’il m’indique la direction mais il fût là, devant moi à me sourire. Brusquement, j’eus un pressentiment que la journée allait être très étrange. Il me vit soupirer et s’en inquiéta directement :

        « Ça va Imagawa – chan ?
-    Oui, oui, juste une intuition féminine.
-    Oh de quel genre ?
-    Du genre, féminine…
-    On me fait des secrets ?
-    Oh, tout le temps, senseï ! »

J’avais répondu ça du tac au tac sans vraiment prendre conscience de mes paroles. Du moins sur le coup car quelques secondes après j’avais pour toute solution à mon embarras de fuir en essayant moi – même de trouver le chemin. Il se mit à rire et je me retournais assez contrariée vers lui :

        « J’aime beaucoup Tokyo, mais je pense qu’on est pas là pour visiter non ?
-    Pressée de commencer les équations différentielles ?
-    Tout autant que de me pendre mais bon je vais pas me plaindre. »

Il s’approcha de moi et je tournai à nouveau des talons. C’est alors qu’il se mit à mon niveau et qu’il déclara :

        « Alors, allons au bagne ! »

Je ne répondis rien car j’avais déjà trop fait mon intéressante. Il se mit alors en marche et je le suivais un peu en retrait. Au gré du vent, je vis ses cheveux virevoltés, je vis son regard doré se posait parfois sur moi. Parmi tous ses gestes, j’en retins un particulièrement, celui quand il m’a attrapé le poignet pour que je puisse traverser parmi la foule. Je pris cet acte comme un geste de protection peut être qu’il en était autrement mais je ne voulais pas le savoir. Enlaçant mon poignet de ma main gauche, je posai le tout contre mon cœur et sentis heureuse. Après un dédale de rues plus fréquentées les unes des autres, on s’arrêta devant un petit lotissement. En observant bien l’endroit, je compris la tranquillité du quartier. Non loin du centre ville mais assez éloigné du lycée. Je supposai alors qu’il ne voulait pas que les élèves puissent le suivre. Il se retourna  vers moi et déclara d’une voix amusée :

        « Voici l’endroit de ta mort. Es – tu prêtes ?
-    Comme si on demandait au condamné a mort s’il était prêt à recevoir la corde. C’est très déplacé comme question
-    Je ne te savais pas aussi, sarcastique.
-    Je vous rassure, moi non plus.
-    Oh…ça promet. »

Il sourit amusé de nouveau et je pris conscience qu’un rien le faisait sourire. Il me parut d’un coup plus accessible. Je posai une main sur mon front en fermant les yeux, cette journée allait vraiment être unique. Ensuite, je l’entendis monter les marches du bâtiment, je le suivis alors.

La clé dans la serrure, le bruit que cela entraînait, me faisait regretter tout le trajet que j’avais fait. Qu’allais – je faire ici ? Suivre un cours tout en sachant que je n’aurai la tête à rien ? Je me foutais de son attention et tout ça pourquoi ? Satisfaire un caprice d’enfant ? J’aurai voulu trouver une excuse pour ne pas rentrer chez lui mais, il m’avait déjà entraîné dans son appartement en me prenant à nouveau par le poignet. L’appartement était assez grand pour une personne et typiquement japonais. Avant d’entrer complètement dans celui – ci, je dus enlever mes chaussures et sorti de mon sac – à – main, un petit sac en plastique avec des chaussons dedans. Une fois mis, je montai la marche et entra dans son salon. Sur la table basse qui devait sûrement lui servir de table à manger, je vis beaucoup de manuels scolaires, ainsi que de cahiers d’exercices. Ma tête me fit mal d’un coup en voyant cela mais il était trop tard pour reculer. Il s’était assis à terre d’un coté de la table et disposa un coussin pour que je puisse m’asseoir. Je le remerciai du regard tout en prenant place à ses cotés et déposa mon sac à coté de moi.

        « Imagawa – chan, et si nous commençons par discuter un peu ?
-    Bien senseï, mais de quoi ?
-    Hmm…Cela fait combien de temps que tu as du mal avec les équations différentielles ?
-    Depuis le début.
-    Pourtant tes copies sont bonnes…
-    C’est parce que je travaille très dur pour les examens et que je me force à appliquer les procédures mais je n’ai toujours pas compris comment ça fonctionner.
-    On n’est pas obligé de comprendre pour appliquer
-    Moi si, parce que comment voulez – vous que je m’intéresse à votre cours si j’en comprends que la moitié ?
-    Je vois…Tu es une perfectionniste.
-    Oui mais vous ne me trouvais pas ennuyeuse ?
-    Non, tu es plutôt intéressante. »

Le mot intéressant résonnait en moi. Il n’avait aucune conscience de ce que ça me faire qu’il me complimente. Il ne savait rien sur mes sentiments. Je regardai ailleurs comme pour l’empêcher de voir ma tristesse.  Mais il l’avait compris et me demanda :

        « Il y a quelques chose qui va pas Imagawa – chan ?
         -Non non…
         -Sûr ?
        - Oui, on se met au travail ?
        - D’accord »

Il prit alors un des manuels et commença à le feuilleter pour ensuite me le proposer. Et dire qu’on allait faire ça toute la journée !

On avait passé la matinée sur les équations quand soudainement, il m’annonça :

        « Et si on faisait une petite pause ?
-    D’accord.
-    Que veux – tu manger ?
-    Vous me prenez au dépourvu là…
-    J’ai envie de ramen, ça te dit ?
-    Oui !
-    Alors je commande. »

Il se leva et alla chercher le téléphone. J’en profitai alors pour me dégourdir les jambes et fit le tour du salon. Il n’y avait pas beaucoup de photos. Je continuai à faire le tour de la pièce quand soudainement, je tombai sur une photo de lui plus jeune. Il était mignon à croquer ! Je me mis à rire de cette pensée lorsqu’il me surprit. Il s’approcha en vitesse de moi et commença à vouloir m’enlever la photo des mains mais, je la gardais tout contre mon corps en esquivant ses assauts. Malheureusement, je ne fus pas de taille longtemps contre lui car quand il arriva à attraper mon bras, je basculai en avant l’entraînant à me suivre. Je fermai les yeux pour ne pas voir le sol se rapprocher. La sensation que je ressentis quand j’arrivai à atterrir était différente d’un sol normal. Je me redressai alors et ouvrit de grands yeux. J’étais sur lui, à califourchon autour de sa taille, la photo dans les mains. Je tournai rouge pivoine en le voyant contrarier. J’avais vraiment tendance à tout gâcher. Détournant alors le regard, je commençai à m’excuser mais il se mit à rire. Alors déstabilisée, je le regardai perplexe :
 
        « Quelle situation ! J’ai une de mes élèves sur moi avec une photo de moi petit ! Ce n’est vraiment pas commun.
-    Qui sait peut être plus que vous ne le pensez…
-    Tu penses vraiment ce que tu viens de me dire ?
-    Oui.
-    Tu ne serais pas choquée qu’une de tes amies soit ainsi avec un professeur ?
-    Si c’est mon amie et que je sais ce qu’elle ressent, non. Après tout, nous sommes humains avant toute chose.
-    …Oui, c’est vrai.
-    En tout cas, une chose est sûre, c’est plutôt…
-    Embarrassant ?
-    Non confortable ici ! »

Je me levai en vitesse en me retournant, j’avais tiré la langue en disant cela. Une vraie enfant ! Mais maintenant que tout ceci était fait, j’aurai voulu m’enfuir d’ici et me traiter de « idiote » jusqu’au restant de mes jours. J’entendis le bruit de ses vêtements quand il se leva à son tour. Il me contourna pour se mettre face à moi et posa ses mains sur mes épaules tout en avançant son visage près du mien et annonça :

        « Je n’aurais jamais cru passé une journée si riche en surprise. Mais je dois avouer que ça me change un peu de mes autres cours. Allez ne culpabilise pas, tout ça est dit et tu ne m’as ni blessé ni offensé. »

Je relevai immédiatement la tête avec un regard reconnaissant. Il est vrai que ses paroles venaient de m’aider à me sentir mieux. Il me fit un léger sourire avant de me tapoter l’épaule gauche et de me tourner le dos.

Le bruit de la sonnerie me fit sursauter pendant que je reprenais mes esprits. On venait de nous livrer les ramens qu’il avait commandé plutôt. Personnellement, j’étais trop perturbée pour avoir appétit mais il s’était donné tant de peine… Je me mis à courir vers la porte d’entrée mais il avait déjà remercié le livreur et porté une grande boîte. Je dégageai le passage pour le laisser aller jusqu’au salon. Il s’installa en posant la boîte sur le sol, je le rejoignis ensuite. Quand on fut assis, je pris mon sac et chercha mon porte – feuille pour lui payer ma part. Je le sortis et lui demanda :

        « Je vous dois combien ?
        -…Rien.
        - Je vous dois combien ?
        - Je t’invite, tu ne vas pas m’offenser quand même ?! »

Je m’inclinai directement en m’excusant. Je ne pensais pas que j’allais être invitée…Il me pardonna et on se mit à manger.

Dans le milieu d’après – midi entre les radiations et les atomes, je perdis le fil du cours. Je n’en pouvais plus à vrai dire mais ce n’était pas la seule raison…Le soleil venait éclairé le professeur et jouait avec les reflets de ses cheveux ainsi que les nuances de ses yeux. J’étais soudainement obnubilée par sa présence et une envie secrète brûlée en moi. Je fis glisser mon regard de son visage à son cou et de son cou à son torse. La chemise qu’il portait était légèrement déboutonnée me donnant assez de détails pour imaginer ce qu’il se cachait dessous. Ce fut le point de non retour car je décidai d’abandonner le cours pour me laisser aller à mes fantasmes. Mais c’était non sans compter sur le professeur qui me fit partir dans un autre monde. J’avais les joues légèrement rougies, les yeux brillants, un sourire coquin aux coins des lèvres. Il ouvrit de grands yeux au début puis comprit ce qu’il se passa. Il détourna le regard un petit peu en ayant un sourire amusé puis quand il le reposa sur moi, il s’exclama :

        « Imagawa – chan !!!
        -… Heu, oui senseï ?
        - Ce sont les radiations qui te font cet effet là ?
        -…De quoi parlez – vous ?
        - Tu me déshabilles du regard depuis tout à l’heure ?
        - Ah ça…Je n’ai jamais trouvé les radiations attirantes, je vous rassure.
        - Donc ?
- Donc c’est bien vous qui me faîtes cet effet là. Ne me dites pas que vous l’avez jamais remarqué avant ?
-… »

Un grand nombre de flash – back lui revinrent à l’esprit et se mit à l’admettre. C’est vrai que j’avais déjà eu ce genre d’attitude avec lui pendant ses cours. Je le payais assez cher car je devais travailler deux fois plus dures en dehors. Je me posai mes bras en avant et me penchai vers lui et lui déclara avec une voix douce :

        « Je ne vous pensai pas aussi peu observateur, sen-s-e-ï… »

Il se mit à rougir en se penchant vers moi. On aurait pu croire qu’on jouait un numéro mais tout ceci était imprévu et je ne contrôlais plus mes propres paroles. C’était l’heure de la délivrance où ma frustration amoureuse s’envolait. Je continuai mon monologue :

        « Toutes mes amies le savent juste en me regardant et vous un homme de 23 ans ne l’a même pas remarqué ? Vous êtes vraiment du genre à penser que rien ne peut se passer entre un professeur et une élève… »

Il resta interdit devant ma façon d’annoncer les choses. J’aurai pu simplement me déclarer avec un « je vous aimeeee » mais je ne voulais pas dévoiler mes sentiments de cet manière. J’étais bien plus mature qu’une lycéenne et je voulais qu’il le voie à ce moment là.

        « Vous savez, senseï, vous êtes plus innocent que je ne le pensais. Mais que se passerait – il si je vous montrais qu’on peut briser un interdit ? »

Je me penchai encore plus vers lui et effleurai ses lèvres de mon index. Ses yeux clairs dans mon regard me firent prendre une expression douce. J’ouvris légèrement mes lèvres. Une chaleur entraîna mon cœur à battre à rompre. Mon souffle se réchauffa et se fit plus profond quand je fermai les yeux. La dernière once de conscience prit le dessus sur mes pulsions. Je posai ma main sur le coté à coté de son cou tout en déclarant presque haletante :

        « Je vais y aller, senseï »

Je me levai à la fin de cette déclaration et fit demi – tour doucement. Je ne voulais pas qu’il me retienne. Etrangement, j’aurai aimé qu’il fasse le premier pas vers moi mais il n’avait jamais rien compris. Je partis prendre mon sac pendant qu’il se relevait. Quand il fut debout, je me précipitai pour récupérer mon manteau et aussi remettre mes chaussures. Une fois rhabillée, j’entrepris ma fuite avec toute l’énergie qui me restait encore. Je pris conscience après quelques minutes que j’étais assez loin de chez lui. D’ailleurs j’en pris pleinement conscience quand j’arrivai à l’arrêt de bus où il m’avait fait descendre le matin même. Je traversai la route pour rejoindre la bonne correspondance, il était temps que je rentre chez moi, faire comme si j’étais la pire idiote du monde entier et mettre une croix définitive sur lui.

Une dizaine de minutes plus tard, j’étais assise près de la fenêtre, mp3 en main. La route qui défilait me délivra un peu mais mon cœur ne voulait pas se calmer et j’avais une douleur aigue dans la poitrine maintenant. Sans vraiment m’en rendre compte, des larmes coulaient sur mes joues chaudes et rouges. Ces larmes fraîches me firent frissonner et ma respiration se fit plus rude. Posant une main sur mon front, je n’en pouvais déjà plus, mais je devais pleurer en silence jusqu’à la maison en tout cas. Posant ma main sur la vitre du bus, je priai la lune de me sauver, de m’enlever le cœur car j’aimais un homme qui ne m’aimait pas. Le bus s’arrêta, une station avant celle de chez moi et j’y descendis, je ne pouvais plus de rester dans ce bus, j’étais entrain d’étouffer dans ma tristesse. Je me mis à courir dans la rue, mes poumons me brûlaient tellement que je tombai à terre, essoufflée. La douleur de la chute s’harmonisa avec mon cœur et quand je portai mon regard sur mes paumes, le sang qui y coulait me fit rire. C’était pathétique, si pathétique d’être ainsi. Je me mis sur les genoux qui étaient bien sûr abîmés ainsi que ma joue droite. Le sel de mes larmes me piqua la plaie mais même toutes ses douleurs ne me firent du bien. Un attroupement de personnes se fit autour de moi quand je me levai. Sans vraiment m’étendre sur leur pitié, je repartis vers chez moi.

Le salon était plongé dans une couleur orangée, j’avais déposé mes affaires un peu n’importe où et m’étais placée dans le canapé, les genoux contre ma poitrine. Je dus bien rester plusieurs heures ainsi. Par moment j’hurlai ma peine et d’autre je regardais le mur d’en face sans avoir conscience de rien. Le téléphone sonna plusieurs fois mais je n’y répondis pas après tout, dans l’état où j’étais, ça ne l’aurait pas fait. Le répondeur clignota à tout va mais rien ne me fit bouger.

En début de soirée, j’étais passée du canapé au tapis, toujours dans la même position. J’avais mis de la musique classique à la chaîne hi – fi. Mes larmes s’étaient taries mais la douleur en était toujours là. J’avais tellement passé ma main dans mes cheveux, que j’en étais décoiffées, mes yeux étaient gonflées et lourds, mes joues rouges dont une blessée. Mes lèvres étaient ensanglantées, je les avais tellement mordillé que la fine peau s’était déchirée. J’étais dans un état second, un état que je ne souhaite à personne.

Brusquement on sonna à la porte d’entrée mais je n’avais aucune envie de me lever et d’ouvrir la porte. Le visiteur insista tellement que je dus prendre mon courage en main. Traînant les pieds pour aller jusqu’au palier, je ne pris même pas la peine de regarder dans le judas pour voir la personne et ouvrit la porte. Devant moi…Il était devant moi, le visage tracassé, le souffle court comme s’il avait courut jusqu’ici. Il ouvrit des grands yeux en voyant mon état tout en essayant d’entrer dans l’appartement mais je l’en dissuadai en lui disant :

        « Partez maintenant, laissez moi s’il vous plaît. »

Ma voix était plus grave qu’à son accoutumé, aucune intonation n’accompagna cette phrase. Il n’y avait ni tristesse, ni colère, rien. Un vide total. Jusqu’à l’instant où il prononça ses mots :

        « Tu n’es qu’une idiote ! Rien qu’une idiote ! »

Mon sang se retourna et bouillonna, j’étais une idiote alors ? C’était ça ? Je me mis à crier :

        « Si je ne suis qu’une idiote, vous êtes le pire des égoïstes ! Ne même pas remarquer les sentiments d’une jeune fille ! Que dis – je ?! Vous êtes le pire des hommes ! »

J’avais fermé la porte un grand coup et avait fait demi – tour et me replaça sur le tapis. La sonnerie de la porte d’entrée reprit de plus belle mais cette fois je n’irais pas lui ouvrir. Je l’entendais hurler à travers la porte :

        « Ouvre moi ! OUVRE MOI ! »

Au bout de quelques minutes, ça me tapa sur les nerfs et j’allai ouvrir la porte. Il me bouscula pour entrer et je le pris très mal.

        « Vous vous croyez chez vous ?
-    J’investis les lieux jusqu’à temps que tu m’expliques toute l’histoire !
-    Il n’y a rien à expliquer ! Alors maintenant, partez de chez moi !
-    Et si je ne veux pas ?
-    Si vous ne le voulez pas ?
-    Oui exactement, tu ne pourras pas me mettre dehors, je suis plus fort que toi. »

Je fermai les yeux et soupira un grand tout en s’approchant de lui. Face à lui, je rouvris les yeux et le défia du regard.

        « Que vas – tu faire ?
-    La pire chose que je ferai à jamais de ma vie. Je le regretterai demain sûrement, senseï
-    Que vas… »

J’avais détourné le regard tout en lui mettant une gifle. Ma paume blessée me fit très mal et le sang s’était remis à couler. Il en resta un peu sur la joue rouge du professeur qui me regarda surpris.

        « Vous m’y avez forcé, senseï. Je suis peut être une idiote mais ne m’empêcher pas de détruire ma vie, s’il vous plaît.
-    Imagawa – chan…
-    Ne prononcez plus mon nom, plus jamais.
-    Ne me force pas à bout…
-    Oh…Excusez moi, senseï de vous pousser à bout alors que vous êtes le pire des hommes !
-    Reina ! Tais toi ! »
 
Il me poussa fort contre le mur et je me cognai la tête contre celui – ci. Je grimaçai pendant qu’il rapprochait son corps du mien. Serrant les poings très fort, je me mis à taper son torse de toutes mes forces pendant qu’il prenait appuis avec ses bras contre le mur. Il me laissa faire jusqu’à que je me calme. La douce et gentille Reina avait eu trop mal en si peu de temps. Une fois calmée, il me demanda :

        « Tu es calmée ?
-    pourquoi faites – vous ça ? Par conscience professionnelle ? Parce que vous aviez pitié de moi ou alors…Vous venez vous venger ?
-    Reina…
-     Ne m’appelez pas par mon prénom et sans particules en plus ! Nous ne sommes pas intimes !
-    N’étais – tu pas prête de m’embrasser plutôt dans l’après – midi ?
-    Vous ne m’aimez pas ! N’utilisez pas mon prénom, un point c’est tout ! »

J’essayai de me dégager de son emprise mais il colla son corps chaud et fort contre le mien. Je levai les yeux vers lui en le maudissant du regard. Il avait donc décidé de se venger en s’amusant avec ma personne. Il reprit la parole :

        « Reina…Ecoute moi avant de m’hurler dessus.
-    Vous voulez jouer à ça…D’accord, je t’écoute, Tetsu ! »

J’avais crié son nom et ça le fit reculer. J’en profitai pour s’échapper et me plaçai derrière le canapé. Il s’était retourné qu’après et s’approcha de moi. Je me savais lâche mais à ce point ?! J’y pensai qu’après coup quand je filai jusqu’à ma chambre et me plaquai contre la porte à l’intérieure de celle – ci. J’entendis ses pas venir jusqu’à moi, j’étais sûre que j’avais provoqué une grande colère chez lui. J’entendis qu’il s’asseye dos à la porte et qu’il murmurait mon prénom. Soudainement, je n’avais plu la force de me battre donc je me mis à lui répondre :

        « Oui ?
-    Tu es calmée pour de bon cette fois ?
-    Je suis fatiguée en fait…
-    Veux – tu bien m’écouter ?
-    Allez – y.
-    Peux – tu m’ouvrir ?
-    Je vous ouvre, senseï. »

Je me poussai de la porte et l’ouvrit doucement. Il était debout en face de moi, les mains dans les poches de sa veste. Je me mis à rire en voyant que j’avais pas fait mon rôle de hôte, j’étais à deux milles lieux de là en même temps. Je lui proposai de me donner sa veste que j’accrochai dans le placard de l’entrée. Quand je revins dans ma chambre, il était debout devant mon bureau, un cadre dans les mains. A la vue du cadre, je lui annonçai ceci :

        « J’avais 10 ans.
-    Tu étais mignonne.
-    Certes, je le suis moins maintenant.
-    Ce n’est pas ce que je voulais dire, Reina.
-    Je ne vous crois pas, mais bon passons.
-    Reina… »

Je m’étais installée sur mon lit et le regardai. Ses cheveux étaient en bataille, sa chemise défaite sur le haut et ayant quelques petites tâches de sang. Sur sa joue encore rouge de la gifle, il y avait toujours la trace de sang. Je détournai le regard en comprenant que j’avais vraiment fait n’importe quoi. C’est la personne que j’aime et je le blesse ainsi. J’étais vraiment pitoyable.

18 février 2012

Partie 1

Le temps était passé si vite, je ne m’attendais pas à voir la lune se levait ce soir là. J’étais seule devant la porte de l’homme qui m’avait aimée pendant plus de 3 ans. J’étais venue m’excuser encore une fois d’avoir tout gâché entre nous. J’avais pris tous les torts sur moi alors qu’il m’avait trompée. Je pensais que c’était de ma faute s’il était parti voir ailleurs. Après tout, j’étais celle qui était toujours occupée par son travail, qui quand elle avait du temps libre devait encore accomplir du boulot. J’avais négligé le tout, j’avais négligé cet amour là sans m’en rendre compte et quand il me quitta pour une autre, je compris avec amertume que je l’avais poussé dans ses bras…

Le froid m’engourdit très vite le corps, les larmes qui avaient laissé des traces sur mes joues me les tiraillaient. J’avais eu beau hurler à pleins poumons que j’étais désolée, il avait pris sa décision et ne m’ouvrit pas la porte. Il fut vers les 23h  quand je quittai son seuil pour mieux repartir comme une âme en peine vers un parc…

Sur le chemin, je vis un homme debout devant une porte voisine. Il tambourinait de toutes ses forces contre le bois, il hurlait quelque chose dans une langue étrangère...Je le regardais s’acharner pendant plusieurs minutes avant de m’avancer vers lui. Au bruit de mes talons, il se retourna…Il avait l’air épuisé…Il était largement plus grand que moi, je dirais aux alentours d’un mètre quatre-vingt seize, les cheveux courts noirs, les yeux de la même couleur. Son teint était typiquement asiatique, peut – être était – il coréen ? C’était la seule nationalité que m’était venue en tête à ce moment là. Il me scruta du regard et je lui tendis la main en silence. Il baissa lentement son regard vers celle – ci puis le remonta à mon visage. Mes yeux bleus étaient rougies par les larmes, mes lèvres que je n’avais pas maquillée était bleutées avec le froid. Le reste de mon visage était blanc sauf sur les pommettes et le nez qui étaient rouges. J’avais négligé ma coiffure et mes cheveux châtain clair qui m’arrivaient au milieu de mon dos ondulaient doucement avec le vent glacial. Je n’étais pas dans un état convenable et ma peine se ressentait bien…J’espérais d’ailleurs que cette peine le force à me prendre la main…Il soupira, de la buée sortit de ses lèvres, puis il prononça que ses simples mots :

        « En peine ? »

Je hôchai la tête pour confirmer et il arriva malgré tout un peu à sourire. Je remontai ma main et la secouai légèrement. Doucement, il l’attrapa sans y mettre de force et je sentis toute sa peine m’envahir. J’avais le cœur qui s’alourdit encore plus, le souffle coupé, les larmes étaient revenues plus violentes qu’auparavant…Je ne pleurais pas pour moi, je pleurais pour lui…Je ne savais pas comment cela pouvait bien se produire, mais j’avais en moi une peine si lourde et si étrangère aux miennes. Je sentais dans chaque fibre de mon corps un amour à sens unique, une déception meurtrière…Je levai mes yeux vers lui, il n’avait pas changé de regard, comme si c’était normal que cela se passe…Mes larmes coulaient de plus en plus mais aucun son ne franchissait mes lèvres…Il fit quelques pas vers moi, pour se retrouver proche, passa son autre main dans mon dos, me colla contre lui et déposa un baiser sur mon front. Dans une langue étrangère, que je reconnu comme du coréen, il prononça :

        « Mi an hab ni da… »

Je levai les yeux vers lui et comme le ton de sa phrase ressemblait à une excuse, je lui répondis simplement :

        « Je ne vous en veux pas…En sentant votre peine, j’ai compris que la mienne n’était rien…Je vous en prie…Venez avec moi… »

Il me regarda en souriant…J’en étais certaine, il comprenait très bien ma langue…Puis son sourire s’effaça quand il entendit du bruit derrière la porte. Mes yeux s’élargirent un peu en remarquant la lumière qui venait de s’allumer dans l’entrée. Très rapidement, je me dégageai de ses bras et lui déposai un baiser sur la joue avant de murmurer « courage » puis je me retournai le plus vite possible et je courus pour ne pas que la personne ne me voit. Au bout de quelques mètres, je me retournai, il était entrain de discuter avec une belle jeune femme asiatique. Il tourna son regard vers moi pendant une fraction de seconde. Je lui souris avec toutes mes dernières forces avant de m’enfuir…

Le printemps était enfin arrivé. La température extérieure était agréable et le soleil me redonnait du moral. Cela faisait plusieurs mois que j’avais tourné la page avec mon ex et ma dévotion au travail n’en était que grandie. J’étais passée Assistante de direction et chef du secrétariat ce qui alourdissait considérablement mes tâches et augmentait mes heures supplémentaires. Mais je ne m’en plaignais pas car grâce à cela, j’avais pu me libérer de cette histoire et recommencer à vivre…Enfin, du moins, sur le peu de temps libre que j’avais. Je travaillai dans une grande société d’immobilier qui cette année se lançait dans une nouvelle branche totalement indépendante de son activité principale qui était la production de séries asiatiques. Il faut dire que la petite fille du grand patron était une fan inconsidérée de ce qu’on appelle « drama » et qu’elle avait persécuté son cher papy avec cette histoire pendant des années. Il avait finalement cédé…il faut dire que la petite avait de la suite dans ses idées. Elle avait fait un bac littéraire option cinéma et était entrée dans une grande école de cinéma en prenant l’option « cinéma asiatique » puis elle avait fait un exposé sur les avantages de cette nouvelle filière et comment celle – ci l’aiderait dans sa carrière future et dans ses études. J’étais au courant de cela car « la petite » comme je la surnomme avait été dans mon lycée. Bien que plus jeune que moi, de 2 ans, elle était entrée en contact avec moi pour que je lui créai un site sur l’univers asiatique. A l’époque, je faisais des sites et blogs sous payement histoire de mettre de coté pour me payer la fac. On avait bien accroché à l’époque et quand elle apprit que j’étais maintenant au sein de l’entreprise, c’était tout naturellement qu’elle était venue me voir pour que je l’aide dans son exposé. Je passai au moins 2 week – end à lui faire son rapport et son power – point mais cela valait le coup puisqu’elle réussit à ouvrir sa filière. En contrepartie, elle m’aida à sa manière, en parlant de moi au grand patron qui me mit à l’épreuve de nombreuses fois…Finalement, après beaucoup de stress et pas mal de pièges à désamorcer, le grand patron, M. Brandy, me proposa une augmentation et une promotion…Et me voilà maintenant à occuper cette place. Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que les projets de Melle Claire Brandy allaient chambouler ma vie…
Non contente d'avoir maintenant sa filière, elle comptait bien y participer ! Elle engagea alors directeur de production, un traducteur asiatique et une assistante. Quelques mois passèrent, jusqu'à ce matin là...

Publicité
Publicité
18 février 2012

Les personnages

essai

18 février 2012

Les personnages

essai

18 février 2012

Bonus

en attente

18 février 2012

Chapitre 10

en attente

18 février 2012

Chapitre 9

en attente

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité